Le Pingouin et le Manchot
Le Pingouin et le Manchot sont des oiseaux très étranges.  Â
Les oiseaux sont très nombreux sur terre et ils nous enchantent par leur vol gracieux, leurs chants et leur incroyable variété.
Mais il en est deux qui nous surprennent et nous intriguent particulièrement : le Pingouin et le Manchot. On les confond parfois, peut-être parce que le manchot est appelé penguin en anglais, peut-être parce qu’il existe une ressemble physique entre le manchot et le grand pingouin aujourd’hui disparu. Mais ce sont deux espèces nettement différentes qui nous fascinent par leur adaptation au milieu naturel.
Ils captivent l’homme avide de curiosité et les scientifiques se penchent avec intérêt sur l’évolution, sous l’action de la sélection naturelle, de ces deux espèces animales dotées de convergence morphologique mais séparées géographiquement.
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Le Pingouin.
Le pingouin est un oiseau palmipède piscivore de l’ordre des Alcidés charadriiformes. On distingue le grand pingouin, actuellement disparu et le petit pingouin ou Alca Torda .
Le grand pingouin ou Pinguinus impennis, apparu il y a très longtemps, a disparu vers le milieu du XIXe siècle. C’était une bête superbe, il ne volait pas mais nageait très bien au milieu des eaux parfois tumultueuses des mers du grand Nord. Il ne venait sur la terre ferme que pour nidifier au printemps, pondant un seul œuf d’un blanc crémeux tacheté de noir. Malheureusement, il était chassé pour sa chair et sa graisse. Longtemps il réussit à survivre en se réfugiant sur des îles entourées de violents courants qui repoussaient les bateaux des pêcheurs, notamment sur l’île Geifuglasker (île du grand pingouin).Mais l’explosion d’un volcan détruisit l’île en 1930 et les pinguinus durent nidifier sur des îles moins sûres. Ils furent rapidement décimés et le dernier couple finit par disparaître à son tour en juin 1844, tué sur l’île d’Eldey en Islande où il s’était réfugié.
On trouve des représentations de cet oiseau magnifique dans la grotte Cosquer, qui datent probablement d’une période glacière pendant laquelle le grand pingouin avait élu domicile en Méditerranée.
Le petit pingouin, ou Alca Torda mesure une quarantaine de cm de haut, 20 de large, 70 d’envergure. Contrairement au grand pingouin il sait voler d’un vol rapide et nerveux ce qui lui a permis de survivre au massacre. Il se tient généralement debout sur ses pattes courtes, le ventre blanc, le dos noir, les ailes noires soulignées d’une discrète raie blanche, la tête noire munie d’un bec noir court mais puissant, orné d’une fine ligne blanche. On le croirait vêtu d’un costume de cérémonie sur une chemise blanche !
Sur terre il marche en se dandinant sur ses pattes courtes ce qui lui donne une allure maladroite presque comique. C’est un animal pélagique qui survole les océans en groupe à la recherche de bancs de poissons dont il se nourrit : il est piscivore. C’est un très bon plongeur et nageur.
 Son aire d’habitation s’étend principalement sur l’Océan Atlantique nord jusqu’au niveau, vers le sud, de Terre Neuve, l’Islande, la Grande Bretagne, les falaises de Bretagne qu’il affectionne particulièrement… Il aime les rivages escarpés où il se sent en sécurité et où il peut jaboter à son aise de son cri rauque, nicher et pondre sans danger tout en étant près de la mer, son vivier de nourriture.
Le couple pond un seul œuf dans un creux de rocher, qu’il couve alternativement. L’œuf est ovale pour ne pas risquer de tomber dans la mer. La couvaison dure environ 4 semaines et le petit devient indépendant rapidement.
Le Manchot
Comme le pingouin, le manchot est un oiseau palmipède piscivore mais il appartient à l’ordre des Sphéniscidés et des différences importantes le distinguent du pingouin notamment ceci : il ne vole pas et son aire d’habitation se situe dans les mers antarctiques glaciales et plus généralement dans l’hémisphère sud.
Le manchot, comme le pingouin, est un animal très intéressant. Récemment il a fait l’objet d’un film « La marche de l’empereur » qui a contribué à le faire connaître.
 Son aspect est très particulier : Comme le pingouin il a le ventre blanc, le dos et la tête noirs, on dit parfois qu’il a enfilé un smoking ! Sur la terre il se tient le plus souvent debout bien droit sur ses petites mais puissantes pattes. Celles-ci sont petites pour n’avoir qu’un faible contact avec la glace, elles sont protégées du froid par les replis de la peau du ventre et elles sont fortes pour permettre au manchot de parcourir des centaines de km.
 Ses ailes sont atrophiées contrairement à celles du pingouin ; il les colle au corps quand il est à terre et elles lui servent de nageoires dans l’eau. Les ailes sont en réalité des ailerons rigides qui ne permettent pas le vol. Le manchot les agite dans l’eau de haut en bas comme il le ferait pour voler tandis que ses pattes courtes mais puissantes agissent comme un gouvernail. Généralement lorsqu’il veut se mettre à l’eau, il se laisse glisser sur un glacier et plonge, fermant son bec et ses narines mais gardant les yeux ouverts. Avec son corps rigide, sa tête petite sur un cou très court, il est, comme le pingouin, un excellent nageur qui se déplace à 10 km/h, parfois jusqu’à plus de 20 km/h. Le manchot empereur, le plus grand, peut même atteindre 30km/h et plonger à près de 300 m mais les plongées profondes sont courtes car le manchot, comme le pingouin, respire dans l’air et il ne peut pas rester immergé plus de 20 minutes.
 La pêche : Le manchot est piscivore, il se nourrit exclusivement de sa pêche en mer car, à terre, tout est gelé dans l’Antarctique et il n’y a pas de nourriture sur la glace. Il se nourrit de krill, de poissons, de mollusques. Il peut pêcher seul ou en bande, tantôt il nage, tantôt il plonge. Lorsqu’il plonge, il ressort de l’eau en bondissant pour respirer.
Il est capable de jeûner longtemps en particulier lorsqu’il couve son Å“uf ou son petit blotti sur ses pattes et protégé par les replis de sa peau, parfois bien loin de l’océan nourricier. Le froid glacial est un gros danger pour les Å“ufs et les petits, alors les manchots ont inventé une technique curieuse mais efficace pour les protéger.Â
 Reproduction : Comme le pingouin, le manchot est un oiseau ovipare mais il ne niche pas sur des falaises escarpées pour se reproduire car il ne vole pas et la marche sur ses pattes courtes ne lui permet pas l’escalade. A l’époque de la reproduction les manchots rejoignent leur aire de nidification située parfois à près de cent km. Ils forment alors de longues files, « la marche de l’empereur ».
La femelle pond un seul œuf mais, comment le garder au chaud quand il est impossible de creuser un nid dans la glace polaire ? Le nid est un rond formé par des cailloux. Dès que l’œuf est pondu, la femelle le fait rouler avec précaution vers le mâle. Celui-ci l’installe aussitôt sur ses pattes. Les pattes du manchot sont particulièrement chaudes pour ne pas geler au contact de la glace. L’œuf est bien au chaud sur les pattes et protégé par un repli de la peau. Dès sa naissance le petit est couvert d’un duvet très chaud. On ne voit qu’une boule de duvet surmontée d’une tête à peine visible. Grimpé sur les pattes de l’un de ses parents, il s’abrite sous son ventre en se blottissant dans les replis de la peau.
 Le père et la mère se relaient ainsi, immobiles, jusqu’à l’éclosion et tant que le bébé duveteux est incapable de vivre seul. L’un couve et l’autre va chercher de la nourriture parfois très loin. Celui qui couve ne mange pas et perd la graisse accumulée. Il peut perdre alors près de la moitié de son poids allant parfois jusqu’à mourir si sa compagne ou son compagnon ne revient pas assez vite pour qu’il puisse parcourir à son tour la distance qui le sépare de l’eau et de la nourriture. Pendant ce temps l’autre se gave de nourriture pour avoir des réserves. Si l’un tarde à revenir, il arrive que l’autre meure de faim. A la dernière extrémité, il arrive parfois à celui-ci d’abandonner le poussin pour aller se nourrir et le poussin meurt de froid sur la glace.
Lorsque le petit est un peu plus grand, il se joint aux autres bébés manchots qui se serrent, debout, les uns contre les autres. Les parents vont chercher de la nourriture dans l’océan parfois lointain et ramènent jusqu’à 3 kg de poisson pour nourrir le poussin. Ils repèrent leur petit dans le groupe de petites bêtes grises dressées les unes contre les autres pour se tenir chaud. Ils le repèrent par son cri car chaque manchot a un cri particulier. Dès 6 mois, le petit manchot est suffisamment fort pour rejoindre la mer et commencer à pêcher.
 Lutte contre les températures extrêmes : Par une température extérieure qui atteint souvent moins 63°près du pôle sud ou à l’inverse des sommets brûlants aux approches de l’équateur, le manchot peut garder une température interne de 38°. Son plumage rigide est formé de plusieurs couches serrées et imperméables sur un duvet laineux très protecteur. De plus il a une épaisse couche de graisse sous la peau. Curieusement pendant la période relativement chaude de l’année dans les régions arctiques, il lui arrive d’avoir trop chaud. Il redresse alors ses plumes pour laisser circuler l’air.
Pour avoir chaud par grand froid, les manchots se serrent les uns contre les autres. Debout sur leurs pattes ils forment des groupes importants qu’on appelle « les tortues ». Ceux qui sont au centre ont bien chaud. Ceux qui sont à l’extérieur ressentent violemment les vents glacés. Peu à peu ils se rapprochent de l’intérieur de la tortue tandis que ceux de l’intérieur repartent vers l’extérieur si bien que cela permet à chacun d’avoir chaud à son tour.
La famille des Sphénicidés compte 6 genres et 17 espèces parmi lesquelles on connaît surtout le Manchot Empereur, le Manchot Royal, le Manchot du Cap, le Manchot d’Adélie, le Manchot Antipode, le Manchot Papou, le Manchot Pygmée, le Gorfou de Schlegel, le Gorfou des Snares ….
Pingouin et manchot face à l’homme : Autrefois pingouins et manchots étaient décimés à cause de l’exploitation de la graisse et des œufs par l’homme. Ces activités sont en nette régression et ils ne sont plus menacés.
Par leur physique particulier et par leurs mœurs singulières, pingouins et manchots, ces animaux étranges, à la fois si semblables et si différents, ont toujours captivé l’homme avide de curiosité et les scientifiques se penchent avec intérêt sur l’évolution, sous l’action de la sélection naturelle, de ces deux espèces animales dotées de convergence morphologique mais séparés géographiquement et qui ont évolué au fil des siècles indépendamment l’une de l’autre.
L’homme les a introduit dans la littérature et la filmographie; et le poussin, véritable petite boule de duvet, a inspiré de nombreux créateurs de jouets qui en ont fait des peluches toutes douces pour le bonheur des enfants.